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David Bassetti, CEO de Bassetti
Pas question de sous-estimer l’influence des origines dans le parcours de David Bassetti, ni dans la réussite du groupe éponyme né à Grenoble il y a un peu plus de trente ans. Elles sont présentes à travers l’ombre portée d’un père ingénieur métallurgiste dans cette Lorraine dont la vie était alors rythmée, de jour comme de nuit, par l’embrasement des hauts-fourneaux. Ce père fut aussi le premier à répondre à l’insatiable curiosité d’un adolescent qui ne se voyait pas d’autre destin que celui d’entrepreneur pour affirmer un farouche désir de liberté.
D’un côté on trouve aussi chez lui la flamboyance heureuse du caractère italien du père, de l’autre la rigueur de la mère venue de cette Allemagne du nord marquée du sceau des sévères vertus protestantes. Déjà, apparaissait dans cette filiation l’évidente complémentarité de cultures différentes, une sorte de yin yang. Plus tard, cette dimension en quelque sorte philosophique imprégnera de sa dualité toute la culture du groupe. D’une certaine façon, elle était déjà contenue dans la thèse « Aide informatisée à la sélection des matériaux », soutenue par le jeune étudiant de l’Institut Polytechnique de Grenoble. La dialectique de la réussite était en route. D’un côté, l’abstraction mathématique du programme informatique, de l’autre la puissance concrète des matériaux. De cette alliance allait naître le premier logiciel capable d’aider les ingénieurs d’une entreprise industrielle à choisir les bons matériaux pour optimiser son processus de fabrication.
Même si les échelles n’ont rien de comparable, au garage des débuts de Steve Jobs a répondu le grenier de David Bassetti, choisi pour la modicité du loyer. À Grenoble il y développa, tout en étant encore étudiant, ses premiers logiciels. À la base, même s’il devenait très vite un autodidacte du codage, David Bassetti n’était pas un informaticien. « Ce fut une chance, estime-t-il, car cela m’a permis de conserver une distance suffisante pour comprendre et identifier les besoins des entreprises manufacturières afin de mieux y répondre. »
Bien entendu, depuis, le champ d’application des logiciels édités par le groupe, s’est considérablement élargi. Ne serait-ce qu’en raison de judicieuses opérations de croissance externe.
Aujourd’hui, ces logiciels préservent aussi bien le patrimoine technique d’une entreprise, qu’ils en assurent sa pérennité. « La transmission du patrimoine industriel est au cœur de notre activité » souligne David Bassetti, « avec en amont une forte implication humaine reposant sur de multiples échanges avec les ingénieurs et les techniciens de l’entreprise afin de créer un logiciel qui soit en parfaite adéquation avec ses besoins. » Le groupe Bassetti a ainsi résolu les difficultés de transmission des connaissances entre les différents centres de recherche d’une même multinationale. C’est vrai pour Airbus, Safran, Framatome ou encore pour EDF. Il a créé un langage commun pour chacun.
David Bassetti a construit son groupe, qui réalise aujourd’hui 30 M€ de chiffre d’affaires et emploie plus de 300 collaborateurs à travers le monde, en accordant à chacune de ses dix agences en France et ses filiales américaines, canadiennes, allemandes, indiennes et chinoises une très large autonomie.
Par ailleurs, David Bassetti a été longtemps réticent à ouvrir le capital de son groupe à un actionnaire extérieur au nom de son indépendance. Qu’aujourd’hui il accueille Siparex dans son tour de table pourrait apparaître comme une contradiction. Elle n’est qu’apparente. « Siparex nous donne les moyens de poursuivre notre expansion, en particulier à l’étranger, qui représente déjà 25 % de notre chiffre d’affaires » souligne David Bassetti. Pour une entreprise, l’international, c’est le vent du large. Pour ce passionné des autres cultures, en particulier extrême-orientales et de leur philosophie, c’est avant tout une source d’approfondissement de soi. Chaque pas est une victoire. Nul doute que cette citation de Lao Tseu s’applique parfaitement à celui qui est capable de suivre une conversation en mandarin.
