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Jérémie Lagarrigue,
le vent dans le dos

Le CEO d’EODev écrit l’histoire de la transition énergétique sous le double signe de sa ténacité de sportif de haut de niveau et de son sens inné du collectif.

« Impossible n’est pas français ! » Cette maxime napoléonienne, Jérémie Lagarrigue l’a toujours faite sienne. A 41 ans, le CEO d’EODev, une start-up de la transition énergétique qui développe des générateurs à hydrogène, s’est ainsi donné les moyens de traverser la vie… le vent dans le dos.

« Self-made man » aux multiples records

Jérémie Lagarrigue, CEO d’EODev

Issu d’une famille modeste, celui qui se verra consacré champion de France de catamaran à 17 ans puis champion du monde en 2013 n’est pas qu’un chasseur de rêves. C’est un faiseur. A 16 ans, il dépose un brevet sur le moteur à combustion – ce qui lui vaudra d’être recruté par Ducati -, avant d’entamer son parcours professionnel chez PSA. Mais l’ingénieur d’origine varoise ne résiste jamais à l’appel du large. En 2008, il fait partie de l’équipage qui décroche le record mondial de vitesse sur l’Hydroptère, un voilier hors norme qui survole l’océan à grand renfort de technologies avant-gardistes. A cette occasion, il scelle une rencontre déterminante avec le banquier genevois Thierry Lombard (Lombard Odier) qui lui confie la barre d’Hydros, entité spécialisée dans l’efficience énergétique des bateaux et propriétaire de l’Hydroptère. Féru d’innovations, releveur de défis, Jérémie Lagarrigue s’embarque dans le projet mais mettra un terme à l’aventure dans le sillage de l’acquisition d’Hydros par le dubaïote Enata Industries, l’un des leaders mondiaux des structures composites pour le yachting, l’aéronautique et le spatial. Inlassablement soucieux d’allier ses deux passions, la régate et l’innovation maritime, il peut compter sur un réseau de passionnés de la course automobile et de la voile pour donner un nouvel élan à son parcours. « Mon ami, le skipper Victorien Erussard, m’a proposé de le rejoindre en vue de développer des solutions innovantes à partir d’Energy Observer 1, premier navire à hydrogène autonome en énergie propre. A l’issue de la phase d’études, j’avoue avoir été peu convaincu par la maturité du marché à grande échelle des bateaux à hydrogène. C’est pourquoi j’ai milité pour le développement d’applications autour des générateurs », se souvient-il.

Un parcours sans faute 

« En 2019, la rampe de lancement de la start-up EODev fut incontestablement la signature du contrat avec Toyota, se remémore le CEO. Je leur ai garanti qu’en utilisant leurs piles à combustion, nous pouvions développer, en un temps record, un générateur-prototype capable d’éclairer la Tour Eiffel !» Promesse tenue. S’enchaînent un tour d’amorçage et une série A bouclée à plus d’une vingtaine de millions d’euros en 2021 qui permettent à EODev d’entamer un parcours sans faute sous l’égide d’un aréopage d’actionnaires (Accor, Air Liquide, BPCE, CMA-CGM, etc.).

Compétition, performance, goût du challenge et dépassement de soi étant ses quatre points cardinaux, Jérémie Lagarrigue se félicite que cette start-up réponde, à elle-seule, à 2 % des objectifs de décarbonation de la France. Il continue de pousser les feux à l’heure où la commercialisation s’opère déjà dans une trentaine de pays, pour un chiffre d’affaires réalisé à plus de 90 % à l’international. Il voit EODev comme un puissant vecteur de la transition énergétique pour des marchés fortement générateurs de CO² et de microparticules (festivals, travaux publics, infrastructures hospitalières, data centers, …).  S’il agit pour un recours à l’hydrogène vert, il n’en motive pas moins ses troupes pour creuser le sillon de « l’hydrogène gris » qui réduit déjà de 40 % les émissions de gaz à effet de serre. Mais, naturellement, pas question de s’arrêter en si bon chemin. « La levée de fonds de 46 M€, emmenée par Tilt, à l’automne 2023, nous donne les moyens de poursuivre notre développement à l’international, le déploiement de nouveaux produits – avec des générateurs moins coûteux – et le lancement de solutions innovantes à partir de batteries démontables », précise-t-il. Avec l’ambition chevillée au corps de générer un impact positif sur la planète, ce dernier entend bien saisir le potentiel de croissance du marché de l’hydrogène qui devrait doubler de taille dans les cinq prochaines années.

Sa vraie fierté se trouve ailleurs. Lui qui a si souvent fait retentir la Marseillaise sur les podiums sportifs s’enorgueillit d’être aux manettes d’une « société franco-française animée par un noyau dur de collaborateurs qu’il côtoie depuis une quinzaine d’années ». Le sens du collectif en étendard, il « coache » aujourd’hui ses forces vives pour délivrer générateurs et systèmes de propulsion des navettes à hydrogène lors des Jeux Olympiques de Paris. Une vitrine dans la droite ligne des 24h du Mans, du Grand Prix de Formule 1 au Castellet, ou de la Route du Rhum à Saint-Malo où EODev s’est notamment illustrée. Lauréate de l’appel à projets « Première Usine » lancé dans le cadre du plan France 2030, celle-ci est également sur la ligne de départ pour la construction d’un site d’assemblage et de fabrication dans les Hauts de Seine. Après tant d’accomplissements, quel rêve Jérémie Lagarrigue peut-il donc encore bien poursuivre ? « Propulser EODev sur la finale du Super Bowl, pour participer, partout dans le monde, à la prise de conscience sur l’urgence climatique. »

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