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Portrait : Nicolas Louvet, le marathonien du Bitcoin

Nicolas Louvet, CEO de Coinhouse

Côté cour, il y a la valse frénétique des algorithmes qui tentent de suivre les sautes d’humeur du bitcoin, première des cryptomonnaies dont la valeur unitaire vient d’atteindre les 30 000 $. Record absolu. Côté jardin, Madame Butterfly, l’opéra de Puccini avec son histoire d’amour tragique entre une geisha de quinze ans et un officier américain magnifiée par l’aria un bel di vedremo – un beau jour viendra – exercice d’émotion pure dont rêvent de s’emparer toutes les sopranos du monde.

Pouvait-on imaginer sur une même scène deux univers plus antinomiques ? Ils sont pourtant réunis chez Nicolas Louvet, CEO de Coinhouse, et grand amateur de ces opéras qui transcendent l’âme humaine, tel la Traviata de Verdi, Don Juan de Mozart ou encore la tétralogie de Wagner. C’est peu dire que l’opéra exerce une véritable fascination sur Nicolas Louvet. Lorsque l’environnement sanitaire le permettait encore, il n’assistait pas à moins d’une dizaine d’opéras chaque année, montés sur différentes scènes européennes. Et quand cet homme placide qui affiche toujours la plus parfaite maîtrise de soi parle d’opéra, on sent poindre l’émotion. Qui sait ? Peut-être peut-on voir dans le rapprochement osé entre le pseudonyme aux consonnances japonaises de Satoshi Nakamoto, l’énigmatique inventeur du bitcoin en 2009 et Sio Cio San, le nom japonais de Madame Butterfly, une forme de prédestination.

Issu du monde du venture capital, Nicolas Louvet a acquis une solide expérience à la fois d’analyse des entreprises et de gestionnaire de fonds chez Ecomobility Ventures, Sofinnova ou encore Serena Capital. Cette expérience a duré 15 ans aux termes desquels Nicolas Louvet avait-il sans doute le sentiment d’avoir atteint un palier dans sa vie professionnelle et aspirait-il à d’autres horizons. Toujours est-il qu’il entrait chez Ledger en 2017 sans la moindre hésitation.

Mais à l’origine de ce changement, il y eut d’abord la rencontre avec un homme, Eric Larchevêque, fondateur de Ledger, qui a appelé Nicolas Louvet à ses côtés. Rencontre placée sous le signe de la dimension humaine et non du plan de carrière. Rappelons que Ledger est une société française lancée en 2014 qui conçoit et commercialise des portefeuilles de cryptomonnaies avec leur clé privée de stockage, destinés aux particuliers et aux entreprises. De son côté, Coinhouse, spin-off de Ledger, est une plateforme d’achat et de ventes de bitcoins, différenciation archi-classique entre hardware et software transposée à l’univers de la cryptomonnaie.

Nicolas Louvet l’avoue volontiers, au départ l’univers de la cryptomonnaie lui était plutôt étranger. Mais fort de son expérience antérieure dans le capital risque et d’une détermination sans faille, il s’est attelé, tout en rassemblant autour de lui une équipe  de grande qualité, à en déchiffrer les codes. Aujourd’hui sa réussite s’affiche clairement puisque Coinhouse est le plus gros des 5 opérateurs européens de cryptomonnaies. Le premier aussi à obtenir l’agrément de l’AMF, ce qui devrait rassurer les investisseurs. En effet, ceux-ci et en particulier les institutionnels, continuent de se méfier des cryptomonnaies. Même si lentement les choses sont en train d’évoluer favorablement. Le bitcoin gagne son statut de valeur refuge offrant des rendements nettement supérieurs aux autres formes de placement.

Sa détermination, son sang-froid — car il lui en a fallu pour affronter l’effondrement du marché des cryptomonnaies qui  chutaient de plus 80 % en 2019 — ne sont pas étrangers à cette évolution favorable. Nicolas Louvet a une vision à long terme du marché du bitcoin, persuadé qu’il représente une véritable création de valeur pour l’ensemble de la chaîne économique, bien que ce marché ne soit pas entièrement guéri de ses tendances à jouer les montagnes russes. Certes il est au plus haut aujourd’hui, mais qu’en sera-t-il demain ? Raison de plus pour Nicolas Louvet d’afficher sa volonté de convaincre les investisseurs institutionnels, les family offices ou encore les épargnants français – qui ne sont qu’entre 4 et 6 % à détenir de la cryptomonnaie dans leur épargne – de se tourner vers elle. C’est avant tout affaire de confiance. Et pour installer la confiance il faut du temps. Ce n’est pas pour rebuter ce coureur de fond qui n’aime rien moins que de découvrir une ville d’Afrique, d’Amérique ou d’ailleurs, au rythme de ses pas.

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